Culture de la communication et nouveaux langages
Mgr Jean MBARGA, Evêque d’Ebolowa, Consulteur
Au terme des travaux de l’Assemblée Plénière du Conseil Pontifical de la Culture, il nous parait important de relever les points suivants pour poursuivre l’approfondissement du thème.
I. CONSTATS
Dans le contexte actuel des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication), une certitude est apparue : c’est le triomphe des NTIC ou la révolution digitale. Mais des maladies minent cette nouvelle puissance entre autres : la frigidité, la vacuité, l’individualisme… Il y a là un monde écartelé entre une culture plus traditionnelle et analogique et une culture digitale.
La télévision, le cinéma, l’Internet sont des canaux majeurs de cette communication où véhicule la digitale.
L’homme est à la fois sujet et objet des NTIC. Mais en fait, les NTIC ont créé une culture digitale qui agit efficacement sur la jeune génération, une génération digitale, fascinée par l’ouverture au monde, pris par l’anonymat relationnel, isolé dans l’individualisme, vivant dans une société artificielle qui déracine de la réalité dans cette société digitale, ces jeunes sont en nette rupture avec le monde de leurs aînés.
Les NTIC ont un pouvoir de communication, capable de véhiculer rapidement des messages. Y recourir s’avère nécessaire pour l’évangélisation ; cependant, cette voie pédagogique peut porter vers la simplification, la partialisation, la réduction voire l’appauvrissement du message mystagogique. Mais, cette pédagogie impose aussi la sélection, la graduation et la progression.
Par ailleurs, il se pose la question de savoir comment recourir aux NTIC pour communiquer la foi des jeunes ?
L’Eglise est appelée avant tout à la maîtrise de la grammaire digitale et de sa culture.
Le recours aux NTIC dans l’Evangélisation par l’Eglise peut être perçu comme une approche intégrative qui s’inscrit dans l’adoption de l’outil et de sa culture (culture de la brièveté, de la rapidité, de la simplicité).
Mais un défi se pose : l’Eglise peut-elle se servir des NTIC tout en préservant son identité, sa doctrine, sa spiritualité et sa liturgie ? Comment concilier l’ecclésialité à la créativité artistique, technologique, digitale ?
II. QUESTIONS DE FOND
1. L’Internet est apparu comme un centre d’intérêt de premier plan. L’Assemblée Plénière lui a accordé une large attention : son identité, son pouvoir, son impact, ses avantages et ses inconvénients dans la société et dans l’évangélisation.
2. Les jeunes : l’on a noté une rupture, une fraction entre les générations par rapport aux NTIC (Internet) notamment. La transmission des valeurs ecclésiales aux jeunes générations n’est plus garantie ; une génération nouvelle est née : la génération digitale désintéressée de l’héritage des valeurs traditionnelles ; vivant dans les familles numériques artificielles. La question comment ‘‘digitaliser’’ la culture traditionnelle ? semble être un défi de l’heure.
3. Quel langage pour aujourd’hui ?
Pour communiquer la transcendance, on peut recourir à la force de l’histoire humaine, par le récit qui fait rencontrer l’expérimenté, le vécu, le vivant, par le canal de passeurs humains.
Le monde technologique est à évangéliser : il faut digitaliser la culture évangélique et évangéliser la culture digitale.
4. Communiquer la foi dans le monde numérique
A ce sujet, la créativité artistique est une voie. La traduction des valeurs de la foi dans le langage numérique aussi. Mais toute traduction est toujours trahison, bien qu’elle soit nécessaire.
5. L’Eglise et les NTIC : un défi
Les voies de communication ecclésiales traditionnelles gardent leurs valeurs mais un perfectionnement est nécessaire.
Les NTIC offrent de nouvelles et des fortes possibilités de communication à l’Eglise ; mais il faut les maîtriser et les soumettre à la discipline ecclésiale tout en s’ouvrant à l’intéressement du public.
Les NTIC interrogent la capacité réelle de l’Eglise à communiquer avec le monde d’aujourd’hui.
Une collaboration étroite entre l’Eglise et les créateurs de la culture des NTIC et des arts s’impose pour promouvoir l’Evangile aujourd’hui.